«Sa dernière femme» au Théâtre du Rideau vert: quand le règne d’Henri VIII fait écho à celui de… Donald Trump
Raconter l’histoire de Catherine Parr, dernière femme du roi Henri VIII, demeure important en 2025, croit Marie-Pier Labrecque. Surtout dans le climat politique actuel. «L’arrivée de Trump au pouvoir me donne encore plus envie de défendre un récit féministe […] chaque soir», indique la comédienne.
Après avoir redonné vie à l’effeuilleuse Lili St-Cyr pendant un an et demi dans le spectacle musical portant son nom, Marie-Pier Labrecque se glisse désormais dans la peau de Catherine Parr sur la scène du Théâtre du Rideau vert. Si les deux rôles semblent, à première vue diamétralement opposés, ils sont en réalité plus près l’un de l’autre qu’on ne pourrait l’imaginer au départ.
«Ce sont deux femmes fortes, des femmes audacieuses qui ont fait de grandes choses, mais qui ont été invisibilisées par l’Histoire. Il faut raconter des histoires comme les leurs, reconnaître leur importance», plaide Marie-Pier Labrecque.
Ambition et émancipation
C’est ce que cherche à faire Sa dernière femme, œuvre de la dramaturge canadienne Kate Hennig, aujourd’hui traduite par Maryse Warda. La metteure en scène Eda Holmes y exploite la relation entre Henri VIII et son ultime épouse, Catherine Parr, pour conjuguer au féminin les thèmes d’émancipation et d’ambition féminines.
En entretien au Journal, la comédienne Marie-Pier Labrecque ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec la situation politique de nos voisins du Sud, là où Donald Trump a récemment regagné la Maison-Blanche en remportant l’élection américaine devant Kamala Harris.
«C’est fou à quel point ça dérange de voir une femme qui a des idées, qui parle. Évidemment, Sa dernière femmele montre d’une manière exacerbée, mais c’est une allégorie de ce qui se passe en ce moment avec Donald Trump. Il est un violeur, un criminel, un misogyne, mais des hommes et des femmes l’ont élu au lieu de Kamala Harris. Tous les symboles sont là», avance-t-elle.
Symboles modernes
Ces symboles sont, eux aussi, exacerbés par l’approche résolument moderne proposée par Sa dernière femme. Exit les robes à crinoline, le vocabulaire d’époque et les clichés usuels; c’est dans des mots, costumes et décors bien d’aujourd’hui que l’intrigue se déploie. Tout ça, pour rendre cette histoire le plus accessible possible aux novices.
«La pièce est assez bien construite pour qu’on s’accroche et [qu’on suive] facilement le parcours de Catherine Parr sans nécessairement avoir toutes les prédispositions historiques», explique Marie-Pier Labrecque.
- La pièce Sa dernière femme est présentée au Théâtre du Rideau vert jusqu’au 20 février.
Notre critique:
L’audace de la metteure en scène Eda Holmes sied particulièrement bien à Sa dernière femme, permettant à l’histoire de Catherine Parr de résonner plus que jamais auprès du public d’aujourd’hui. Si la proposition s’avère un tantinet longue et verbeuse, elle permet à Marie-Pier Labrecque de démontrer la vaste étendue de son talent; la comédienne brille abondamment sur la scène du Théâtre du Rideau vert face à un Henri Chassé parfaitement incarné dans la peau du roi Henri VIII.
